21 mai 2014

« L’incertitude comme moteur de l’action », 21 mai 2014

Les conférences « 5 à 7 », Vidéos et podcasts
Paris (92000)

Conférence d’Alain Bourdin.
Conçue et animée par Ariella Masboungi, avec la contribution de Nicolas Ferrand, Directeur général de EPAmarne-EPAfrance

 

L’incertitude comme moteur de l’action urbaine, tel est l’horizon de l’aménagement : des temps de plus en plus accélérés, un marché mouvant, et des acteurs dont les logiques sont tout aussi rapides que l’évolution constante des modes de vie. Face à l’incertitude, il s’agit de se projeter dans l’avenir en permettant d’adapter l’action à ses évolutions constantes, d’accueillir des initiatives et d’imaginer des alternatives lorsqu’un programme ne peut pas se réaliser. Cette conduite souple ne peut se faire qu’en appui sur des valeurs qui reposent sur des enjeux et stratégies affirmées, comme le souligne Ariella Masboungi, conceptrice et animatrice du débat. Elle offre en débat le fait que les qualités des aménageurs et concepteurs sont à rechercher dans cette adaptabilité ainsi que dans la fermeté dans des axes de travail. Il faut également compter sur la « sérendipité » – chère à François Ascher – comme ouverture à l’imprévu et capacité d’enrichir les projets et méthodes.

Le chercheur Alain Bourdin, auteur de Métapolis revisitée et sociologue, propose alors une réflexion sur l’incertitude. A partir des travaux de François Ascher sur la métapolis, il considère l’incertitude, non plus un obstacle à la prise de décision, mais un élément cognitif et pratique pour l’action urbaine.
Il esquisse un cadre conceptuel pour comprendre les nouvelles dynamiques territoriales et mieux appréhender la diversité des réalités urbaines. Si l’échelle métropolitaine est la plus pertinente pour comprendre l’urbanisation comme phénomène majeur contemporain, il faut néanmoins reconsidérer ses outils et grilles de lecture, afin de sortir d’un déterminisme simpliste et réducteur. Le phénomène métropolitain fait émerger un nouveau jeu d’acteurs mouvant et complexe, avec ses propres logiques territoriales. S’il est difficile de saisir ces figures de l’action ainsi que leurs discours, ce sont les usages de l’espace qui en disent le plus.
L’incertitude ne porte pas seulement sur les usages et les acteurs, mais sur le territoire également. Aujourd’hui, l’espace est perçu, vécu et pratiqué à différentes échelles simultanément. On vit entre ici et là, dans la mesure où les distances sont mieux couvertes et où les aménagements urbains doivent tendre vers des services accessibles. Le nouveau rapport distance-proximité redéfinit le territoire, comme une construction collective et partagée. Ainsi comment les institutions politiques reconsidèrent-elles leur ancrage spatial ?
Si l’incertitude est intrinsèque à la vie métropolitaine, quelles sont les conséquences sur l’action urbaine ? En ne la balayant pas l’incertitude mais en travaillant avec. L’incertitude devient alors un élément d’une pratique professionnelle, où élus politiques, maîtrise d’œuvre et bureaux d’études co-construisent une nouvelle culture professionnelle, celle du risque. Il reste néanmoins difficile d’aménager la métropole tout en prenant en compte expériences urbaines individuelles. Cette tension n’en est pas moins créatrice de nouveaux projets. Nous sommes donc face à un nouveau paradigme, où l’incertitude comme contexte d’action, permet de redéfinir les procédures et outils de façon constante, afin d’enrichir le projet urbain et territorial et ses méthodes. Est-ce sans doute une nouvelle mesure du monde, où l’expérimentation apporte les réponses aux nouvelles questions durables ?

Nicolas Ferrand, aménageur, propose alors de « réagir et se positionner face à la métapolis comme nouvelle réalité opérationnelle ».  La tension métapolitaine, entre la vie intense et le repli pavillonnaire, est une donnée avec laquelle élaborer et développer un projet urbain.
La nouvelle demande urbaine porte sur l’aménagement du rapport entre  l’individu dans toute sa corporalité et une ville unique et expérientielle : le «  le volet sensoriel de l’urbanisme ». Comprendre cette nouvelle demande et y donner la juste réponse, nécessite de nouvelles conduites de projet, où l’élu politique propose une vision commune et partagée du territoire. Le consensus lié à la personnalité politique permet de donner une dimension métapolitaine aux projets urbains et remet le monde à une juste échelle.

Les thèmes évoqués, les pistes esquissées et les outils proposés, viennent certes du monde de la recherche urbaine, mais présentent toute leur force pour mieux éclairer et guider l’action urbaine et favoriser la prise de décision.

 

 

1. Ariella Masboungi : Introduction. Comment se projeter et aménager face aux incertitudes ?

 

2. Alain Bourdin : Une épistémologie de l’incertitude

 

3. Alain Bourdin : Le contexte métapolitain, comment saisir les acteurs ?

 

4. Alain Bourdin : Incertitude de l’espace

 

5. Alain Bourdin : Quelle conséquence de l’action ?

 

6. Alain Bourdin : Conclusion. Un plaidoyer pour la recherche

 

7. Nicolas Ferrand : Un aménageur face à l’incertitude

 

8. Débat autour de l’incertitude comme moteur de l’action

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