Paris (92000)
Conférence d’Antoine Picon.
Conçue et animée par Ariella Masboungi, inspectrice générale de l’administration du développement durable et la contribution de Jean-Luc Charles, directeur général de la SAMOA, Nantes.
La ville numérique est-elle déjà là, en train d’émerger ou est-elle une nouvelle utopie qui génère le rêve d’une ville meilleure, surveillée, commode, source d’ubiquité, mais aussi d’économies de toutes sortes et notamment d’énergie, de facilitation de la mobilité, radieuse en sorte ; et bien au-delà, génératrice de nouvelles formes urbaines et de socialbilités ?
Le numérique sera-t-il l’apanage des sociétés qui le gèrent, en maîtrisent les données et la gestion ou y a-t-il place pour des stratégies collectives, notamment celles des pouvoirs publics ? Ces derniers subiront-ils, comme les usagers, la domination des compagnies qui en détiennent les clés ou est-il opportun, voire urgent, que les collectivités intègrent toutes les dimensions du numérique dans leur stratégies urbaines ?
Pour Antoine Picon, historien et architecte, le sujet est à investir sur tous les plans, notamment celui de l’intime connaissance des potentiels et effets numériques pour nourrir l’action urbaines. A ses yeux la ville est un extraordinaire laboratoire numérique.
Parmi les effets qu’il décèle dès à présent, on note l’évolution sensible du promeneur qui vit l’ubiquité et dont la perception urbaine évolue radicalement. Le numérique aurait un impact décisif sur la représentation de la ville. Il appellerait le règne de l’éphémère et de l’évènementiel, comme en témoigne notamment un grand pan de l’architecture contemporaine. Mais il ne se substitue pas au réel, au besoin de rencontre, à la mobilité physique. Il rajoute une nouvelle couche à la longue histoire des villes. Le numérique aurait même un impact sur la planification et le projet urbain privilégiant le scénario par rapport au projet, doté d’images spectaculaires plus que de graphiques ou de technique.
Ainsi Antoine Picon ouvre un champ peu exploré de l’impact du numérique sur la forme, la perception et la vie de la ville, la liberté des usagers, le contrôle social, ou au contraire la démocratie augmentée, toutes questions qui sont au coeur de l’évolution des métiers de l’urbanisme et de l’aménagement de demain.
Ingénieur, architecte et historien, Antoine Picon est directeur de recherches à l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées et professeur à la Graduate School of Design d’Harvard. Ses travaux récents portent sur l’impact du numérique sur les villes et l’architecture. Il est notamment l’auteur de Culture numérique et architecture (2010), Ornament. The politics of Architecture and Subjectivity (2013), Smart Cities. Théories et critique d’un idéal auto-réalisateur (2013).
1. Ariella Masboungi : Comment les acteurs de la ville peuvent intégrer le numérique dans la pensée et l’action urbaine ?
2. INTERVIEW de Antoine Picon : Introduction « Le numérique changera-t-il la ville ? »
3. Antoine Picon : 1ère partie – Quatre thèses pour mieux comprendre la ville intelligente
4. Antoine Picon : 2ème partie – Quelques changements entraînés par le numérique
- La question de gouvernance et de politique
- Une intelligence spatialisée
5. Antoine Picon : 3ème partie – Les limites de la ville intelligente
6. Jean-Luc Charles, directeur général de la SAMOA – Nantes : Comment Nantes agit sur la ville numérique
7. Débat
Questions / Réponses
- Acteurs, rôles et régulation dans la ville intelligente
- Le numérique au fondement d’une nouvelle culture urbaine
- Le numérique renouvelle la production de la ville